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                 La mélodie de la pluie vacillait au travers des courbes de cette campagne, dont j'étais finalement parvenu à comprendre la susceptibilité . Je l'avais adoptée. Chaque matin, mon attention s'évaporait quelques instants, pour pouvoir s'abandonner à la plénitude de la distance. Lentement, la mélodie s'éloignait et les goutes d'eau se figeaient sur la vitre. L'horizon, petit à petit, se laissait laver par la pluie : elle apaisait mes yeux et dépossédait le paysage d'une quelconque coloration. J'aimais aussi la pluie parce qu'elle avait cette intrigante capacité à retenir les demoiselles trop coquettes chez elles, qui, à la moindre goutte, se mettraient à fondre comme des sucres. Soudain, elle faisait éclore un millier de parapluies,et tantôt, elle les délivrait. Ce devait être beau vu de là haut. Aujourd'hui, elle cristallisait le paysage, en filtrait les tournures et les essences, les ombres et les contours. Elle en faisait un juste portrait, un noir et blanc délié. Un bruissement de feuille donne vie à cette heure. Une photo : un seul et unique instant. A ce moment même, une goutte me rallia à ma réalité. Le silence céda à nouveau la place à la pluie. Il pleut, tout s'accélère. 


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